Cultiver des légumes en « symbiose » avec l’élevage de poissons, voilà le concept fondamental de l’aquaponie. Ce terme est un néologisme issu de la contraction d’aquaculture (élevage en milieu aquatique) et d’hydroponie (culture des plantes hors sol). En pratique, ce sont les excréments des poissons qui servent d’alimentation aux plantes cultivées. Zoom sur ce système à la fois ancestral et innovant aux promesses écologiques !
L’aquaponie, un mode de culture utilisé depuis l’Antiquité !
En effet, le principe de l’aquaponie est ancestral puisqu’il a été utilisé, pas toujours consciemment, notamment en Amérique précolombienne dans les chinampas mésoaméricaines (hortillonnages sur lesquels étaient déposées les boues des canaux, chargées entre autre d’excréments de poisson) et dans les rizières asiatiques. Aujourd’hui, ce mode de culture se développe, surtout dans les pays anglo-saxons, ou des fermes aquaponiques à grande échelle commencent à sortir de terre. L’aquaponie condense de grosses productions sur de petites surfaces, ce qui en fait donc un mode de culture particulièrement adapté aux enjeux de l’agriculture urbaine. L’économie d’eau que procure l’aquaponie est aussi un avantage qui séduit certaines zones désertiques, notamment dans les pays en développement.
Concrètement, l’aquaponie comment ça marche ?
Dans la pratique, un système aquaponique fonctionne en circuit fermé et repose sur l’interaction des plantes et des poissons. Les plantes purifient l’eau des poissons et les poissons nourrissent les plantes grâce à leurs déjections. Plus exactement, les excréments des poissons sont transformés en nitrites, puis en nitrates par l’action de bactéries. L’eau des bassins est alors pompée et acheminées jusqu’aux bacs dans lesquels sont cultivées les plantes, lesquelles se nourrissent des nutriments contenues dans l’eau. Les plantes cultivées épurent l’eau de l’aquarium par l’assimilation des racines. L’eau est donc purifiée et se charge d’oxygène en circulant. Elle peut alors regagner le bac d’élevage des poissons.
Dans un tel système de culture, l’enjeu principal est de trouver le juste équilibre entre la population de poissons, la nourriture apportée, la population bactérienne et la végétation cultivée : une carence en azote (jaunissement des feuilles se développant en partant du bas des plantes) sera le signe d’une sous-population de poissons et ou d’un manque de nourriture. À l’inverse des taux de nitrites et de nitrates trop élevés indiquent que le filtre sur plante est inefficace et que le métabolisme de ces dernières est insuffisant pour dépolluer l’eau des déjections.
Les avantages écologiques de l’aquaponie !
Fonctionnant en circuit fermé, l’aquaponie contrairement aux modes de culture classiques permet d’importantes économies en eau. L’eau n’est pas gaspillée, et seule la part évaporée par les plantes doit être remplacée. La consommation d’eau en aquaponie serait jusqu’à 90 % moins élevée que pour les systèmes de culture conventionnels. De plus, l’aquaponie est un système de culture à la portée de tous. La fabrication peut revenir à presque rien si on se fournit avec des matériaux de récupération. Il est en effet tout à fait possible de bricoler et faire tout soi-même avec un peu d’ingéniosité.
En France, l’aquaponie peine encore à se développer. Mais certains projets à petite échelle voient le jour. C’est notamment le cas de l’Aquaponie Valley. Une ferme aquaponique développée à Beauchastel, en Archèche, et qui vise à faire travailler 140 salariés handicapés au sein d’un centre d’aide par le travail. Leur volonté, atteindre de manière durable une production annuelle de 5 tonnes de truites Arc-en-Ciel et de 500 kilos de spiruline, algue aux nombreuses propriétés nutritionnelles.