Bien connue des jardiniers, la bouillie bordelaise est un produit de traitement extrêmement répandu et efficace contre bon nombre de maladies. Ce pesticide autorisé en agriculture biologique est utilisé de manière préventive dans les cultures de fruits et légumes ainsi que de certaines plantes d’ornement ! Cependant, ce produit est de plus en plus décrié, car le cuivre qu’il contient est toxique pour l’environnement et la biodiversité !
Qu’est-ce que la bouillie bordelaise exactement ?
De couleur bleue, la bouillie bordelaise est un pesticide fabriqué à base de chaux et de sulfate de cuivre, qui se présente sous la forme d’une poudre bleue que l’on dilue dans de l’eau ; on vaporise ensuite la solution sur les végétaux. Elle est notamment utilisée pour lutter contre les maladies cryptogamiques, c’est-à-dire causées par des champignons (cloque du pêcher, mildiou, tavelure…), ainsi que contre certaines maladies bactériennes (bactérioses…). Que ce soit sur les arbres fruitiers, les vignes, les tomates, les pommes de terre ou encore les fraises, la bouillie bordelaise est utilisée quasiment dans toutes les cultures de fruits et légumes, y compris en culture dite “bio” ou “naturelle” !
Que reproche-t-on à ce fameux traitement bleu ?
Il y a quelques années, il a été question d’interdire la bouillie bordelaise en France (dans d’autres pays d’Europe, c’est déjà le cas), mais le projet a été abandonné. Pourtant, il n’y a pas de fumée sans feu : que reproche-t-on donc exactement à ce produit ?
La bouillie bordelaise est employée en maraîchage et surtout en viticulture depuis le début du XXe siècle. Son usage est courant et banale, mais sa toxicité est paradoxalement encore mal cernée. Si le cuivre est, à faible dose, un oligo-élément indispensable à la vie, à des doses plus élevées, il présente une toxicité importante pour l’environnement. Un usage répété de la bouillie bordelaise conduit à une accumulation du cuivre dans le sol, car ce métal lourd ne se dégrade pas, hormis en milieu acide, et est conservé dans le sol. Une étude de l’INRA a trouvé plus de 200 mg de cuivre par kg de sol (sa teneur naturelle variant de 2 à 60 mg/kg). Ces concentrations peuvent être toxiques pour les micro-organismes du sol, pour la vigne elle-même ainsi que pour les animaux et les poissons. Le cuivre peut aussi tuer les vers de terre qui jouent un rôle important dans l’entretien du sol, de même qu’il inhibe l’activité de nombreuses bactéries et champignons utiles et auxiliaires.
Les risques liés à l’inhalation ne semblent pas avoir été étudiés chez l’homme, mais l’OMS relève qu’une exposition chronique à des aérosols ou vapeurs de “bouillie bordelaise” chez des salariés induit une augmentation de l’absorption et de l’accumulation de cuivre dans l’organisme. En 1988, Holland et White ont montré que l’inhalation par le rat d’un aérosol de chlorure de cuivre, conduisait à des problèmes de reprotoxicité (délétion de la spermatogenèse, diminution du poids testiculaire, chute des hormones sexuelles).
Les alternatives à la bouillie bordelaise !
En France, la bouillie bordelaise est autorisée en agriculture biologique dans certaines limites. Depuis 2006, il ne faut plus dépasser 6 kg/ha/an (soit l’équivalent de 2 traitements avec une bouillie concentrée à 20 % de cuivre). Ce fongicide minéral est cependant à éviter au jardin !
En effet, il existe d’autres solutions vraiment naturelles et 100% biologiques. C’est la exemple le cas du purin d’orties qui est, entre autre, un très bon fongicide naturel permettant de lutter efficacement contre le mildiou. Une autre alternative s’offre à vous, il s’agit du purin de prêles qui est également un excellent fongicide naturel qui peut être utiliser toute l’année afin de renforcer la résistance des végétaux aux maladies cryptogamiques telles que le mildiou, la rouille, l’oïdium, la tavelure, la cloque ou encore la moniliose par exemple.