Graines : Reproductibles ? Hybrides ? Anciennes ? OGM/NGT ? Décryptage des termes !

Les enjeux autour des semences n’ont jamais été aussi importants qu’aujourd’hui : Plus de 75% des semences potagères vendues dans le monde sont produites par cinq multinationales et la grande majorité des variétés proposées par ces entreprises sont des variétés commerciales hybrides F1. Chez Alsagarden, nous proposons uniquement des variétés à pollinisation libre. Toutes nos semences sont des variétés paysannes, libres de droit et reproductibles d’année en année. Ainsi, nous excluons évidement de notre gamme potagère toute variété de type hybride F1, OGM ou NGT ! Mais que signifie tout ces termes exactement ? Dans cet article, nous décryptons l’ensemble de ces notions pour vous éclairer et vous permettre de les comprendre de manière approfondie.

Qu’est-ce qu’une variété paysanne, reproductible, ou “à pollinisation libre” ?

Depuis des siècles l’homme à sélectionné les variétés potagères qui se sont adaptées à chaque terroir. Les semences de « variétés paysannes », dites encore « variétés populations » sont celles qu’un cultivateur prélève lors de la récolte en vue d’un semis l’année suivante. On parle couramment dans le cas des semences paysannes, ou de variété population pour marquer l’importance de la diversité génétique au sein de la même variété, ce qui leur permet d’évoluer et de d’adapter en fonction des variations de l’environnement. Ce sont ces variétés populations qui existent depuis les débuts de l’agriculture.

Toutes les variétés paysannes, sont aussi des variétés parfaitement reproductibles (sauf pollinisation croisée). Une variété reproductible, également appelée “variété à pollinisation libre”, se réfère à une plante dont les caractéristiques génétiques restent stables d’une génération à l’autre lorsqu’elle se reproduit naturellement, par semis. Cela signifie que si vous semez des graines issues d’une plante de cette variété, les plantes qui en émergent conserveront les mêmes caractéristiques que la plante mère. Cela est possible parce que ces plantes sont généralement pollinisées de manière ouverte, ce qui signifie que le pollen peut être transféré entre différentes plantes de la même variété. La pollinisation peut se faire par le vent, les insectes, les oiseaux, ou d’autres agents naturels. Ces variétés permettent de conserver la stabilité des caractéristiques de la plante au fil du temps, mais en même temps aussi un grand potentiel d’adaptabilité. En effet, la semence sauvegarde dans ses gènes les conditions que la plante-mère aura rencontré au cours de sa vie (manque d’eau, augmentation des températures par exemples) et sa descendance s’y adaptera peu à peu.

Qu’est-ce qu’une variété ancestrale, héritage ou ancienne ?

Les termes “variété ancestrale”, “variété héritage”, “variété ancienne” ou encore “variété patrimoniale” sont davantage une référence culturelle ou temporelle. Toutes les variétés anciennes sont à pollinisation libre, mais toutes les variétés à pollinisation libre ne sont pas forcément très anciennes. Le terme “variété ancienne” fait référence à l’âge, à la valeur historique et culturelle que l’on accorde à une variété à pollinisation libre. Il existe des variétés à pollinisation libre très anciennes, comme par exemple un haricot sec cultivé par un groupe indigène depuis des centaines, voire des milliers d’années. À l’inverse, il existe aussi des variétés à pollinisation libre récentes ; le tout est de savoir où l’on place le curseur pour qualifier ces variétés.

D’une manière générale, on considère qu’une variété existante depuis plus de 50 ans est une variété ancienne, ancestrale ou héritage… cela est cependant subjectif ! Vous pouvez très bien évidemment aussi considérer qu’une variété héritage peut être les graines de tomate préférées de votre arrière-grand-mère qu’elle vous a transmises ! Quoi qu’il en soit, la préservation de ces variétés est importante pour diverses raisons, notamment la préservation de la biodiversité potagère, la conservation des caractéristiques gustatives et nutritionnelles uniques, ainsi que la résilience aux conditions environnementales changeantes.

Qu’est-ce qu’une variété hybride, aussi appelée “hybride F1” ?

Pendant des milliers d’années, les Hommes ont adapté les variétés à leur environnement. Leurs savoir-faire, alliés aux aléas climatiques et aux échanges de semences entre voisins et voyageurs, ont permis de développer des centaines de milliers de variétés de toutes espèces. A la fin de la deuxième guerre mondiale, va commencer un processus totalement contraire par le développement des variétés hybrides de première génération dites hybrides F1.

On appelle hybride F1, le croisement entre deux variétés distinctes, dont les graines ne se “reproduiront pas fidèlement” à partir de la seconde génération (F2). En effet, lorsqu’on croise deux lignées parentales pures, les descendants de la première génération F1 portent une combinaison de gènes provenant des deux parents. Cela peut conférer des avantages tels qu’une vigueur accrue, parfois une croissance plus rapide, une productivité plus importante, une meilleure résistance aux maladies ou encore d’autres caractéristiques améliorées par rapport à leurs parents. Cependant, en récoltant des graines d’une tomate hybride F1, le fruit résultant de ces graines que vous aurez plantées serait un mélange génétique aléatoire et ne ressemblerait pas à la tomate d’origine dont les graines ont été récoltées. Les plantes de seconde génération (F2) qui résulteraient seraient constituées d’une population très hétérogène, et très peu productive. En termes pratiques, cela signifie que les cultivateurs doivent racheter de nouvelles graines de ces hybrides brevetés chaque année et ne peuvent pas conserver les leurs pour les resemer.

Chez Alsagarden, nous ne proposons aucune variété hybride F1, uniquement des variétés stables, dont les graines peuvent être reproduites de manière fiable et transmises d’année en année, de génération en génération. Ainsi, nous encourageons les jardiniers, maraichers et agriculteurs à se refuser de cultiver des variétés hybrides F1. Cela ne relève pas d’une opposition au progrès, bien au contraire : L’hybridation est, en réalité, une étape même indispensable pour obtenir de nouvelles variétés ! Que cette hybridation soit le fruit du travail humain, du transport par le vent ou de la pollinisation par les insectes, elle n’est en soi pas contre-nature. Cependant, commercialiser des graines d’une variété hybride de première génération, en connaissant son instabilité dans la seconde génération, conduisant inexorablement le cultivateur à racheter des graines l’année suivante, soulève bien des questions éthiques !

En effet pour obtenir une nouvelle variété fixée, stable et reproductible, il faut plusieurs années de sélection, généralement 8 à 10 générations. Comprenez qu’il est plus simple, plus rapide et surtout plus rentable de vendre les graines d’une hybridation de première génération et d’en faire la promotion, que de passer une décennie à travailler sur le développement d’une vraie variété, stable par une sélection minutieuse !

Qu’est-ce qu’une variété OGM, ou encore une variété NGT ?

Une variété OGM, ou “Organisme Génétiquement Modifié”, fait référence à une plante ou un organisme dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne peut pas se produire naturellement. Les modifications génétiques sont généralement effectuées en laboratoire en utilisant des techniques de biotechnologie. La modification génétique est un processus en plusieurs étapes impliquant l’isolation et l’insertion de gènes. Quelques exemples populaires de cultures OGM sont les cultures tolérantes aux herbicides, qui permettent aux agriculteurs d’appliquer un herbicide à large spectre sur tout un champ sans que la culture modifiée soit détruite. Il existe également des cultures avec des gènes insecticides insérés pour prévenir la prédation…

Dernières nouveautés des multinationales de la semence, les variétés NGT que la Commission européenne veut encourager. Les NGT ou NBT, pour “New genomic/breeding techniques”, sont des nouvelles techniques de sélection permettant de modifier le génome d’une espèce vivante sans introduire d’ADN étranger, ce en quoi ils diffèrent des organismes classés OGM. Les plantes issues des NGT sont elles obtenues grâce à la technique de la “mutagenèse dirigée” ou de la “cisgenèse”. Il s’agit d’inactiver un gène, de transférer un ou des gènes issus d’une même espèce, par exemple à l’aide des ciseaux moléculaires, ou d’introduire des gènes d’une espèce sexuellement compatible. Les semences obtenues par NGT sont donc bien également des organismes génétiquement modifiés camouflées sous une autre appellation. Encore une voie ouverte au brevetage et à la privatisation du vivant, au profit des multinationales, dont nous vous invitons vivement à vous opposer !