Larry Hodgson, fervent promoteur du jardinage facile, il est l’auteur de plus de cinquante ouvrages sur les plantes et le jardin. Il est aussi rédacteur pour plusieurs revues horticoles, chroniqueur spécialisé dans des émissions de radio et de télévision, tant chez lui au Québec qu’au Canada anglais ou aux États-Unis. Ce jardinier célèbre outre-atlantique se présente comme le « jardinier paresseux » ! Détricoter les mythes horticoles, prôner le gain du temps au jardin par des méthodes de jardinage efficaces sont ses grandes spécialités !
1. Quel est votre parcours et comment est née votre passion pour l’horticulture ?
“Mon père m’a inculqué l’amour pour la nature et le jardinage. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours eu un petit lopin de terre à moi pour cultiver mon choix de légumes et nous allions souvent dans la nature où il m’a montré à identifier les plantes. Mes 3 frangins ont eu la même formation, mais il était évident que c’était moi qui était le plus passionné. Mon père m’a donc encouragé en me montrant comment faire des semis et des boutures, en m’amenant dans des jardins lorsqu’on voyageait, en me présentant les catalogues horticoles. Le résultat était que, à l’école, j’en savais déjà plus que mes profs au sujet de l’horticulture.
Il y avait une serre à mon école secondaire (lycée) et je suis rapidement devenu horticulteur bénévole dans la serre, puis responsable. Curieusement, malgré mon intérêt évident pour l’horticulture, aucun prof ni conseiller d’orientation à l’école ne m’a jamais suggérer une carrière dans le domaine. J’ai plutôt opté pour des études en langues modernes. J’ai vraiment compris que mon amour pour l’horticulture était dominant lors de ma première visite en Europe. Lors d’une visite à l’Île de Mainau en Allemagne, je suis resté littéralement bouche bée devant la beauté des aménagements. J’ai connu un tel débordement des sens que je me suis mis à pleurer de joie. Je voyais bien que les autres ne réagissaient comme cela. J’ai su à cet instant que l’horticulture allait devenir ma vie.
À la fin de mes études, après quelques années d’un travail routinier nullement relié à l’horticulture, mais où j’ai pu assouvir ma passion en m’impliquant profondément dans différentes sociétés d’horticulture, j’ai recommencé à penser à l’idée d’une carrière en horticulture. J’adorais les plantes et j’adorais écrire : n’aurait-il pas un avenir dans cette combinaison? J’ai commencé à écrire bénévolement pour différentes associations horticoles puis, un jour, j’ai quitté mon emploi, sans jamais encore avoir vendu le moindre article, avec la conviction que je pouvais devenir un journaliste horticole. J’ai écrit pour plusieurs revues canadiennes et américaines, puis des livres (52 jusqu’à maintenant), commencé à faire de la télévision et la radio, à donner des conférences, à accompagner des voyages horticoles et – éventuellement – à bloguer sur l’horticulture. Voilà où je suis à ce jour”.
2. On vous connait sous le nom de “jardinier paresseux”, pourquoi une telle appellation ?
“C’est un titre que j’ai proposé à l’origine à mon éditeur pour un livre. Je voyais les gens autour de moi dépenser beaucoup de temps et d’argent à se battre contre la nature plutôt que de suivre ses recommandations. Donc, l’idée de montrer aux gens que, une fois qu’on accepte les contraintes que dame Nature nous impose, le jardinage est plus facile”.
3. Quelles sont selon vous, les 3 pratiques indispensables à mettre en œuvre pour gagner du temps au jardin ?
“A – Trouver des plantes adaptées à vos conditions plutôt que d’essayer de modifier les conditions pour accommoder les plantes. B – Remplacer peu à peu les plantes qui vous causent des ennuis (insectes, maladies, envahissement, etc.) ou qui demandent beaucoup d’entretien par des plantes qui donnent des bons résultats sans efforts spéciaux. C – Utiliser du paillis pour réduire le désherbage et l’arrosage, surtout au début d’une plantation”.
4. Vous êtes auteur de nombreux livres sur le jardinage, qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire pour le grand public ?
“J’adore partager ma passion pour le jardinage et j’ai beaucoup de choses à dire aux gens. Les livres permettent d’offrir une information plus approfondie sur une plus grande variété de plantes et de techniques que, disons, un article de revue ou une conférence”.
5. Dans vos chroniques, vous déboulonner régulièrement les mythes horticoles, quel est votre avis sur le jardinage lunaire ?
“Je n’y crois pas du tout. Je me suis intéressé (un peu) dans les années 1980, mais mes résultats n’étaient pas du tout concluants et d’ailleurs, j’ai trouvé que suivre un calendrier lunaire était presque impossible à moins d’avoir une énorme liberté de temps alors que, personnellement, j’ai toujours eu à insérer le jardinage à travers d’autres aspects de ma vie. Je suis plutôt les conditions météorologiques quand il s’agit de planter, récolter, etc. Il est d’ailleurs super facile de montrer que le jardinage lunaire ne fonctionne pas. Essayez de faire le même semis à tous les jours à l’intérieur où les conditions – température, humidité, etc. – sont stables et vous verrez que le résultat est identique, peu importe les phases de la lune”.
6. Que pensez-vous des nouvelles pratiques de jardinage, comme l’agroécologie ou encore la permaculture ?
“Je n’ai jamais vraiment étudié ces méthodes… mais curieusement, le jardinage que je propose y ressemble drôlement. C’est comme si je suis arrivé aux mêmes conclusions en parallèle”.
7. Avec votre carrière et vos multiples activités, avez-vous encore le temps de cultiver votre propre jardin ?
“Mon propre jardin et d’ailleurs tout mon terrain a été conçu pour demander le moins d’efforts possible, ce qui est très utile, car je suis en voyage essentiellement chaque semaine pendant la belle saison et ai rarement plus d’une journée ou deux à la maison entre deux déplacements. Donc, il demande peu d’entretien et je me contente de faire de petites retouches. Ce qui m’ennuie un peu est que terrain est arrivé à un genre de maturité horticole qui fait en sorte qu’il est maintenant très difficile d’y maintenir un potager véritable, car l’ombre domine presque partout. Je cultive donc beaucoup moins de légumes qu’autrefois, surtout en terrasse et donc en contenant, car c’est le seul endroit du terrain qui soit encore véritablement au soleil”.
8. En tant qu’amoureux du jardinage et du monde végétal, quelles sont vos plantes favorites ?
“Je n’ai jamais pu me restreindre à seulement quelques variétés et toutes les plantes me fascinent. Je cultive de tout, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, avec plus de 1000 variétés sur un terrain de banlieue. Je crois bien, en regardant mon terrain, que ce sont les arbustes qui dominent maintenant… mais cela est plus une question d’évolution que de choix véritable : quand on essaie d’être un jardinier paresseux, on choisit les plantes les plus faciles et sous mon climat, ce sont les arbustes et les arbres qui demandent le moins d’entretien”.
9. Pouvez-vous nous parler de vos voyages horticoles et du “tourisme de jardins” en générale ?
“J’ai commencé à organiser des voyages horticoles il y a plus de 30 ans pour ma société d’horticulture locale, au début de courts voyages où on était de retour la même journée, puis seulement une nuit à l’extérieur. À cette époque, d’ailleurs, j’organisai les voyages moi-même. Aujourd’hui, avec 12 à 15 voyages par année qui durent de 2 jours à 3 semaines, je laisse le travail d’organisation à une agence de voyage spécialisée et agis seulement comme guide ou guide-accompagnateur, selon le cas. Mes voyages partent toujours du Québec et rayonnent à travers le monde. Le seul continent que je n’ai pas visité est l’Antarctique… où il n’y a pas de jardins !
Quant au tourisme de jardins, j’ai toujours été fasciné par la beauté et l’originalité des jardins des autres et par les plantes qu’on y trouve ainsi que par les mille et un façons que l’humain a trouvées pour embellir ses environs. D’où le besoin de partager cette passion. Je comprends que tout le monde n’est pas aussi passionné des jardins et de la nature que moi et que les voyages horticoles ne plaisent pas à tous… mais à tous les ans, quelques 400 à 500 personnes voyagent avec moi, toujours à partir d’une population assez restreinte (la population du Québec n’est de 8 millions après tout), ce qui est révélateur, je pense”.
10. A travers votre blog, vos chroniques, vos conférences… vous prônez le jardinage facile ! Êtes-vous convaincu que tous le monde peut avoir la main verte ?
“Le jardinage est 90% observation. Toute personne qu’on peut montrer à regarder les plantes qu’elle cultive et qui est prêt à les accepter comme êtres vivants peut avoir la main verte. Il reste quand même des personnes qui ne voient pas les plantes, mais plutôt que de la verdure indifférenciable. Ce dernier groupe, très minoritaire quand même, aurait toujours de la difficulté à développer la main verte et d’ailleurs, n’y tient pas”.
Pour en savoir plus sur Larry Hodgson et pour retrouver toutes ses chroniques et astuces de jardinage, rendez-vous sur le site du jardinier paresseux et suivez également son actualité sur sa page facebook !