La Flûte de Rhubarbe : Un instrument de musique traditionnelle

Saviez-vous qu’il était possible de fabriquer un instrument de musique avec de la Rhubarbe ? En effet, les populations mongoles Uriankhai de la région de l’Altaï, jouent de la musique de manière ancestrale avec une flûte appelée “Tsuur”, fabriquée avec les hampes florales creuses de la Rhubarbe, ou parfois du Céleri sauvage. Cet instrument et cette musique font partie intégrante de leur vie quotidienne. Elle plonge ses racines dans la pratique ancienne du culte de la nature et de ses esprits gardiens, qui consistait à imiter des sons naturels. Cette musique en voie de disparition, est classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

C’est un instrument à vent relativement simple en forme de tuyau vertical avec trois trous pour les doigts. Il n’y a pas de biseau, et l’embouchure terminale est libre. Cette flûte est traditionnellement réalisée à partir de la hampe florale de la rhubarbe ou du céleri sauvage, qui sont deux plantes qui ont la particularité d’avoir des tiges creuse et rigide. La tige une fois séchée est évidée pour en enlever la moelle tendre. Puis, une pointe métallique chauffée permet de percer les trois trous.

 

Une musique traditionnelle inscrite par l’UNESCO !

La musique produite à la flûte tsuur repose sur une technique à la fois instrumentale et vocale : un mélange de sons produits simultanément par l’instrument et par la gorge du musicien. La pression des dents de devant sur l’embouchure de la flûte et l’utilisation simultanée de la gorge produisent un timbre unique composé d’un son clair et doux et d’un bourdon. La flûte tsuur est traditionnellement jouée comme invocation pour faire bonne chasse ou pour avoir un temps clément, comme bénédiction pour éloigner le danger pendant un voyage ou pour les mariages et autres festivités. La musique, qui est aussi un art d’interprétation, traduit les sentiments intimes du voyageur solitaire et relie l’homme à la nature.

La tradition de la flûte tsuur se perd néanmoins depuis quelques décennies, par négligence et animosité à l’égard des coutumes populaires et de la foi religieuse, laissant de nombreux endroits sans joueur de tsuur ni familles possédant une flûte tsuur. Il n’y aurait plus que quarante instruments au sein du groupe des Mongols Uriankhai qui sont transmis exclusivement grâce à la mémoire des générations successives : cette caractéristique rend cet art extrêmement vulnérable au risque de disparition, raison pour laquelle la musique traditionnelle à la flûte tsuur a été inscrite en 2009 par l’UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.