Connaissez-vous le Kiwano, de nom botanique Cucumis metulifer ? C’est une plante de la famille des Cucurbitacées, proche cousin du concombre et originaire d’Afrique sub-saharienne. Parfois appelé “Melon à cornes”, “Concombre cornu” ou encore “Métulon”, c’est un légume-fruit à l’allure insolite et à la saveur exotique complexe et déroutante qui rappelle à la fois le melon, la banane, le kiwi et l’ananas.
C’est un fruit très populaire dans les régions d’Afrique ou celui-ci croît à l’état sauvage, mais aussi en Nouvelle-Zélande où il est cultivé à une grande échelle depuis maintenant près de 25 ans. D’ailleurs, le terme “Kiwano” popularisé jusqu’en Europe était initialement une marque déposée en Nouvelle Zélande, et qui est depuis tombée dans le domaine public.
En France, le Kiwano a été cultivé pour la première fois au jardin des plantes de Paris en 1838, mais par méconnaissance de son utilisation, seul son coté décoratif avait alors séduit ! Aujourd’hui, le Kiwano sort de l’oubli et gagne de plus en plus en popularité en raison de son goût unique, mais aussi de ses propriétés bénéfiques pour la santé découvertes récemment. Comble du bonheur pour nous-autres jardiniers, il se cultive facilement sous nos latitude, tout comme un simple concombre !
Le Kiwano en Afrique : Alimentaire, médicinal et magique !
En Afrique, l’espèce Cucumis metulifer pousse de manière spontanée du sud du Sahara jusqu’à la Namibie, le Botswana et l’Afrique du sud, jusqu’à une altitude d’environ 1800 mètres. Utilisé depuis des millénaires par les peuplades locales, les fruits de cette plante sont traditionnellement consommés crus ou grillés. Les feuilles peuvent être également consommées cuites à la manière des épinards. Dans certaines régions d’Afrique, le Kiwano constitue l’une des principales ressources alimentaires sauvages. Et dans le désert du Kalahari (la région désertique la plus grande et la plus sèche du monde), le fruit sauvage est, avec le Concombre sauvage (Acanthosicyos naudinianus), la seule source d’eau disponible pendant la période de sécheresse.
Outre son côté alimentaire, le Kiwao est aussi considéré par un certain nombre de peuplades Africaines comme une plante éminemment rituelle et magique, notamment pour se protéger des mauvais esprits. Au Bénin, le Kiwano est considéré comme un fruit magique autant que thérapeutique ; après l’avoir fait macéré dans du vin de palme, on l’emploie pour lutter contre la variole lors de séances de vaudou ! Enfin des recherches scientifiques récentes ont mis en exergue que le Kiwano contiendrait des composantes anti-inflammatoires et anti-cancéreuses. Une série d’études ont été menées entre 2008 et 2015, et ont montré les nombreuses qualités médicinales de la plante. En 2015, dans la revue américaine “Cancer Biology” un article a été publié résumant les principales qualités médicinales de cette espèce africaine.
Comment bien cultiver, récolter et manger le Kiwano ?
Le Kiwano se cultive tout comme le concombre “classique”. Le semis se fait au chaud à l’intérieur 3 à 6 semaines avant le repiquage en pleine terre. À une température supérieure à 20°C, les semences germent en quelques jours. Le repiquage se fait lorsque il n’y a plus de gelées à craindre, après la mi-mai généralement. Plantez les plants de Kiwano à une exposition bien ensoleillée, dans un sol riche en prévoyant un support pour la plante, puisque c’est une grimpante.
Le cycle total de culture est de 3 à 4 mois. La récolte des fruits s’effectue 30 à 40 jours après leur pollinisation, en fonction des conditions climatiques et des régions. La principale caractéristique annonçant la maturé de ce fruit-légume est sa couleur qui tend vers une teinte orangée lorsqu’il est prêt à être consommé. C’est une espèce très prolifique : un plant peut produire plus d’une cinquantaine de fruits de 150 à 200 grammes.
Les fruits de Kiwano renferment une chair très juteuse, une gelée rafraîchissante enveloppant les nombreuses graines comestibles. Ils sont consommés légèrement immatures à la façon des concombres dont ils ont alors la saveur. Et ils sont aussi dégustés parfaitement mûrs, ils ont alors une saveur complexe entre le melon et la banane, voir même un arrière goût de kiwi et d’ananas. Coupés en deux et dégustés à la petite cuillère ou alors versés dans les salades de fruits, les smoothies ou les sorbets comme on le ferait avec des fruits de la passion. En Afrique et notamment au Zimbabwe, les jeunes feuilles sont récoltées sur les tiges pour être préparées comme des épinards et dégustées avec du beurre de cacahuète. Les San du Kalahari (peuples autochtones d’Afrique australe) apprécient les fruits sous forme grillée.