Il fut un temps où la Corse regorgeaient de variétés potagères uniques, témoignant de siècles d’adaptation et d’évolution. Cependant, au fil des décennies, ces trésors agricoles ont lentement disparu, victimes de l’érosion de la diversité cultivée en grande partie causée par l’introduction de cultures commerciales plus standardisées, l’utilisation généralisée de semences hybrides, et une législation orientée dans cette direction.
Cependant, avec l’émergence d’une prise de conscience grandissante quant à la perte de diversité agricole, des passionnés, des maraichers, des jardiniers, se sont unis pour sauvegarder le riche patrimoine génétique de la Corse. La prise de conscience de l’importance de ces variétés anciennes a inspiré divers initiatives locales de préservation des semences qui ont vu le jour ces dernières années, dans l’objectif de redonner vie aux variétés potagères endémiques.
La résurrection des variétés anciennes insulaires de Corse !
Bien que de nombreuses variétés potagères corses aient tout simplement disparu, certaines ont heureusement pu survivre, parfois grâce à des familles qui cultivent ces dernières de génération en génération, ou encore grâce aux banques de graines. Collectées il y a environ un siècle par des botanistes passionnés, elles sont aujourd’hui conservées précieusement dans des banques de semences en Europe mais aussi aux États-Unis ou encore en Russie.
Deux variétés de blés corses ancestrales, ‘Tossu’ et ‘Maramiese’, dont la culture a été récemment relancé proviennent d’une banque de graines outre-atlantique. Des semences de blés corses avaient été donnés en 1921 au ministère de l’agriculture américain dans le cadre d’un réseaux d’échange internationale. On doit aussi la sauvegardes de plusieurs variétés locales au travail de collecte réalisé par un éminent botaniste et généticien russe du nom de Nikolaï Ivanovitch Vavilov, qui récolta en Corse, également dans les années 20, plus de 6000 semences qu’il référença au sein de l’Institut Pansoviétique de culture des plantes qui se trouve à Saint-Pétersbourg, le plus vieil institut de conservation de semences au monde.
Quelques variétés anciennes corses emblématiques :
-La Tomate ‘Rouge de Corse’ : C’est une variété très ancienne originaire de l’île de Beauté, qui était connue jadis sous le nom “Pumata Nustrale”. Cette tomate produit de gros fruits rouges de 200 à 500 grammes, à la chair juteuse, de bonne texture et à la saveur excellente. Mi-saison à tardive, cette belle variété de tomate est idéale pour les salades d’été.
-L’Oignon de Sisco : Aussi nommé “Oignon du Cap Corse”, c’est une variété d’oignon doux, en forme de toupie, originaire de la commune de Sisco d’où son nom. Cet oignon possède une saveur très aromatique, qui se rapproche de celle de l’échalote. C’est aussi une variété de très bonne conservation.
L’Oignon de Moïta : Localement appelée “A Cipolla di Moita”, c’est une variété d’oignon rose très ancienne qui a failli disparaître. Sa culture a été relancée en 2018 par une association qui assure depuis sa promotion. Cette variété, originaire comme son nom l’indique du village de Moita, possède une forme singulière, très aplatie. C’est une variété très polyvalente en cuisine.
-La Calebasse ‘Plate de Corse’ : C’est une variété ancestrale qui produit de très beaux fruits décoratifs, arrondis et aplatis, d’environ 20 cm de diamètre. Après la récolte, les fruits sont laissés à sécher pour la fabrication d’objets divers. Ils étaient notamment utilisés pour la fabrication de gourdes par les bergers corses lors de leurs sorties avec les troupeaux, afin de transporter de l’eau ou une autre boisson pour se désaltérer.
La disparition des variétés potagères anciennes insulaires de Corse au cours du 20ème siècle a été une perte culturelle et agricole significative. Cependant, la prise de conscience de cette réalité a engendré une dynamique positive, conduisant à des efforts collectifs visant à retrouver et préserver ces variétés ancestrales insulaires. Ces initiatives non seulement préservent la diversité génétique, mais contribuent également à la résilience de l’agriculture de l’ile face aux défis futurs.