Un « jardin-forêt » est un agrosystème imitant la forêt naturelle, organisé intelligemment pour une production de nourriture écologique. Robert Hart, pionnier des jardin-forêts en climat tempéré inventa un système basé sur l’observation que la forêt naturelle peut être divisée en sept niveaux distincts, depuis les grands arbres fruitiers (couche canopée) jusqu’au plantes potagères et aromatiques (couche couvre-sol) en passant par les petits arbustes à fruits comestibles (strate arbustive). Dans cet article nous verrons les différentes espèces et variétés pouvant être cultivés dans ces sept states distinctes dans un climat tempéré.
Quelles plantes dans un jardin-foret ?
Par opposition au verger où l’on cultive des arbres de même espèce, de même âge et de même taille, la forêt présente un grand nombre d’espèces, de tailles et d’âges différents. De plus, la plupart des légumes traditionnels cultivés aujourd’hui, tels que les carottes ou les tomates, sont des plantes héliophiles peu adaptées au système de jardin forestier plus ombragé. Il est donc nécessaire de privilégier des arbres et arbustes fruitiers, des plantes potagères vivaces et des légumes perpétuels tolérant les exposions ombragées ou mi-ombragées. Le système doit également comprendre des espèces végétales fertilisantes qui possèdent le pouvoir de fixer l’azote.
1.) La couche canopée : Les grands arbres fruitiers !
Par définition, la canopée est l’étage supérieur de la forêt, directement influencée par le rayonnement solaire. Elle est parfois considérée comme un habitat ou un écosystème en tant que tel, puisque elle est particulièrement riche en biodiversité. Composée de grands arbres indigènes, de grands arbres à fruits ou à noix, cette strate comprend notamment les cerisiers, les pruniers (quetschiers, mirabelliers, merisiers…), les châtaigniers, les noyers, les Pécaniers, les pommiers ou encore les poiriers.
2.) La strate arborée basse : Les petits arbres à fruits !
Cette seconde strate se compose d’arbres à fruits de moindre développement comme les amandiers, les sureaux, les muriers (Morus nigra), les arbousiers (Arbutus unedo) ou encore les prunelliers (Prunus spinosa) qui est un arbrisseau épineux très commun dans toute l’Europe qui produit de petites drupes recouvertes de pruine, très acerbes, qui ne sont consommables que si on les récolte après les premières gelées. On peut en faire des compotes et en préparer une eau-de-vie ou des liqueurs.
3.) La strate arbustive : Les arbustes fruitiers et les petites baies !
La strate arbustive comprend les végétaux arbustif et buissonnants tels que les groseilliers, les mûriers, les framboisiers, les noisetiers, les Goumi du Japon (Elaeagnus multiflora), les cognassiers (Cydonia oblonga), le Goji du Tibet (Lycium barbarum) ou encore le camérisier (Lonicera kamtschatica), aussi appelé “baie de mai”, il s’agit d’une variété de chèvrefeuille originaire de Sibérie aux baies comestibles et savoureuses.
4.) La couche herbacée : Légumes et plantes vivaces !
Les plantes potagères perpétuelles et les légumes vivaces font partie intégrante de la couche herbacées. Du fait qu’elles n’ont pas besoin d’être replantées chaque année, elles ont généralement pas besoin d’entretien. Dans cette couche on peu par exemple planter des légumes feuilles, comme du Chou marin (crambe maritima), l’Huitre des potagers (Mertensia maritima) une plante comestible au gout d’huitre, du Plantain Corne de cerf (Plantago coronopus), de la Rhubarbe (Rheum), de l’oseille sanguine (Rumex sanguineus), mais aussi des légumes-fruits comme l’épinard-fraise (Chenopodium capitatum), les plantes potagères de la famille des cucurbitacées et des plantes aromatiques comme de la livèche (Levisticum officinale) ou le carvi (Carum carvi).
5.) La couche couvre-sol : Plantes comestibles rampantes !
Les plantes couvre-sol sont appelées ainsi car elles s’étalent sur le sol sur seulement quelques centimètres de hauteur. La densité de leur feuillage recouvre complètement le sol empêchant physiquement toute mauvaise herbe de pousser. Sur cette couche, il convient de planter des fraisiers des bois (Fragaria vesca), de l’ail des ours (Allium ursinum), l’Aspérule odorante (Galium odoratum), des plantes aromatiques rampantes comme du cresson des fontaines (Nasturtium officinale), du Pourpier d’hiver (Claytonia perfoliata), de la pimprenelle (Sanguisorba minor), du Pissenlit (Taraxacum officinale), de la mâche commune (Valerianella olitoria).
6.) La rhizosphère : Les plantes à racines et à tubercules !
On appel “légumes-racines”, les plantes qui produisent des organes souterrains (tubercules, racines, bulbes…) récoltés pour la consommation humaine. Parmi cette catégorie on peut citer les plantes du genre botanique Allium (ails, cives, oignons, poireaux…) les pommes de terre, les betteraves, les patates douces, les radis, les panais (Pastinaca sativa), la maca du Pérou (Lepidium meyenii), le rutabaga (Brassica napus), la topinambour (Helianthus tuberosus), le salsifis cultivé (Tragopogon porrifolius), la châtaigne de terre (Lathyrus tuberosus), le chervis (Sium sisarum) ou encore le raifort (Armoracia rusticana).
7.) La couche verticale : Vignes et autres plantes grimpantes !
Les plantes grimpantes vont grimper sur les strates hautes pour occuper l’espace inoccupé des troncs. Pour cette couche verticale, on peut planter des Baies aux 5 saveurs (Schisandra chinensis), des vignes, des passiflores à fruits comestibles, du houblon (Humulus lupulus), de la vigne chocolat (Akebia quinata) ou encore du Kiwi de Sibérie (Actinidia arguta) qui produit des mini-kiwis à la peau lisse qui se consomme sans épluchage préalable.
Comme dans toute forêt naturelle, le jardin-forêt comporte des zones plus ou moins ensoleillées. Il conviendra de placer judicieusement les plantes des strates inférieures selon les besoins en ensoleillement des différentes espèces. Enfin, pour en savoir plus sur le concept de jardin forêt, je vous invite à lire l’article suivant : Créer une foret comestible en permaculture !