L’utilité de pailler son potager n’est plus à démontrer, mais quel est le meilleur en terme d’apport au sol ? Il existe une multitude de paillage possible, mais aucun n’est véritablement parfait, dans le sens qu’il ne compense pas entièrement les besoins des plantes de votre potager. Ainsi chaque paillage possède ses propres valeurs nutritionnelles, et apporte plus ou moins d’éléments intéressants pour le sol et les cultures en place.
Comme l’alimentation humaine, l’alimentation du sol pour qu’elle soit bonne et équilibrée se doit d’être diversifiée !
Un paillage avec de la paille d’une année à l’autre sera carencé, tout comme un sol paillé d’année en année avec du BRF qui aura tendance à s’acidifier progressivement. Depuis quelques années, je m’applique à diversifié l’alimentation du sol de mon potager en effectuant une sorte de « rotation de paillage », en alternant et accumulant différents types de couvert à chaque saison. Cette rotation permet d’équilibrer l’apport de nutriments et des éléments nutritifs, et permet d’augmenter la fertilité du sol et la productivité générale du potager.
En quoi consiste concrètement cette rotation ? Par exemple, à l’automne vous pouvez profiter de la tomber des feuilles mortes du jardin pour les étaler au potager, tout comme les déchets de taille que vous effectuerez éventuellement durant l’automne. Au printemps suivant, j’y apporte progressivement les déchets de tonte préalablement séchés et enfin en cours d’été j’y ajoute encore une couche de foin ou de paille issus de l’agriculture biologique pour bien augmenter l’épaisseur du couvert en prévision des fortes températures estivales afin que le sol reste bien frais et conserve son humidité de manière optimale.
Les principaux paillages organiques, leurs avantages et leurs défauts :
-La paille : C’est sans doute le matériau de couverture du sol, le plus couramment utilisé. Si la paille assure très bien la protection des sols contre l’érosion, le maintient l’humidité et évite les mauvaises herbes. La paille n’est cependant pas un paillage très riche, et n’apporte que relativement peu d’éléments au sol lors de sa dégradation. Sa teneur en potassium est significative, mais la paille est notamment pauvre en azote et en phosphore.
-Le foin : Comme la paille, le foin possède l’avantage d’être très économique. Cette technique du paillage au foin, parfois nommé « phénoculture » possède aussi l’énorme avantage d’être exempte de traitement phytosanitaire, contrairement à la paille souvent traitée. Bien que les jardiniers soient souvent retissant au foin, à cause des graines qu’il contient, il n’en est tien, en apportant une couche assez épaisse (10-15 cm), les graines dépourvues de lumière ne pousseront pas.
-Le BRF : De son vrai nom « bois raméal fragmenté », c’est un paillage constitué de petites rondelles d’un diamètre de moins de 5 cm obtenues en hachant des branches généralement de feuillus, issus de la taille. C’est un paillage idéal pout les végétaux forestiers, tel que les myrtilles, les fraisiers, les framboisiers ou encore les noisetiers. Cependant sur les planches de culture de légumes, cela peut entrainer une acidification du ph néfaste sur le long terme.
-La tonte de gazon : Avant d’étaler la tonte de gazon en tant que paillage, il faut veiller à la faire sécher préalablement, car disposer directement, cela engendre une fermentation et une production de chaleur assez importante qui peut être dangereux pour les plantes, notamment les plus sensibles. Une fois mise en place, les déchets de tontes séchés sont très vite dégradés dans le sol (en quelques semaines), il convient donc d’y apporter un autre paillage en complément.
-Les feuilles mortes : Elles constituent un paillage de choix à l’automne et en hiver, cependant leur durée de vue assez courte ne permette pas une couverture toute l’année. Au début du printemps, il faudra donc compenser avec un autre paillage. Les feuilles mortes apportent cependant des substances humique en quantité non négligeables qui profite aux organismes du sol et améliore le sol du potager.
-Les paillettes de lin : Issu du traitement de la fibre de lin, ce produit se présente sous la forme de petites paillettes, il est fluide, facile à manipuler et ne s’envole pas. Sa couleur blanc beige, permet de réfléchir le rayonnement solaire et esthétiquement forme un très joli contraste avec le feuillage des végétaux. Son ph est neutre et ce paillis est assez riche en matière organique. Le lin permettra d’améliorer la structure physique du sol. L’inconvénient est que le lin n’apporte pas beaucoup de nutriments au sol.
-Les paillettes de chanvre : Il s’agit d’un produit intéressant car la culture du chanvre, ne nécessite presque pas de produits phytosanitaires, ni engrais. Son potentiel Hydrogène (pH) est neutre. Il présente également une forte capacité à absorber les eaux pluviales, ce qui peut être un avantage comme inconvénient. Il peut entraîner le pourrissement des racines végétales si les pluies sont nombreuses et fréquentes, mieux vaut utiliser le paillage au chanvre au pied des plantations qui affectionnent particulièrement les sols humides. Il est moins facile à trouver que les autres paillis et son prix d’achat est relativement élevé.
-Les cosses de cacao : Elles possèdent des caractéristiques agronomiques assez intéressantes avec un pH situé autour de 5,7. Elles peuvent donc être utilisées sur tout type de massif, bordure, ou au potager. De plus leur couleur chocolat met particulièrement les plantes en valeur. Leur seul inconvénient est un coût un peu trop élevé dû à l’obligation de l’importer, ce qui au final n’est pas non plus très écologique !
-L’écorce de pin : Très utilisées dans les massifs, elles ont tendances à être délaissées car elles acidifient le sol. Cependant, de gros calibres, elles se décomposent lentement et peuvent durer jusqu’à 10 ans. Aussi ce type de paillage, très décoratif pourra être conseillé pour des plantes acidophiles, mais pas entre vos plants de légumes. Vous pouvez aussi en mettre au pied de vos petits fruitiers, comme les framboisiers, les myrtilles ou encore au pied des arbustes comme l’amélanchier par exemple.
-Les copeaux de bois : Issus du recyclage du bois, il s’agit plutôt d’un « mulch décoratif » qu’un véritable paillage nourrissant. On en trouve d’ailleurs de toutes les coloris jusqu’au plus kitsch, de la couleur bois brute, jusqu’au bleu ou au rouge en passant par le vert ou le jaune. Au-delà de décorer, couvrir le sol et de le protéger de l’érosion du sol, les copeaux de bois n’apportent pas de nutriments au sol, ou très peu.
-Broyat de miscanthus : Il s’agit d’une graminée cultivée essentiellement pour sa biomasse destinée au chauffage. Contrairement à d’autres paillages, il possède un pH parfaitement neutre. De plus ce paillis est stable face au vent et aux ruissellements d’eau luttant ainsi contre l’érosion. Il a une capacité de rétention d’eau importante grâce à sa composition (tige creuse et spongieuse). D’un point de vue écologique, le miscanthus est cultivé sans eau (ou très peu), sans apport d’engrais et sans pesticides (car il n’a pas de ravageurs). Ce paillage de qualité, est malheureusement encore rare et onéreux, la filière agricole étant qu’à ses débuts en France.
Il existe aussi des paillages minéraux (ardoise, galets, gravier, sable…) ou encore des matières artificielles (bâche, plastique horticole noir, feutres….). Cependant, je les passe sous silence volontairement, puisque étant inertes ces matières ont le point commun de ne rien apporter au sol, ils sont donc sans intérêt dans le contexte d’un potager dans lequel, nous souhaitons durablement régénérer la fertilité du sol et favoriser son activité biologique.